Dar es Salaam forever

Autrefois baptisée Mzizima, le « havre de paix », Dar es Salaam est aujourd’hui une ville de plus de 3 millions d’habitants qui croît à une vitesse folle, à peine surpassée en Afrique par Lagos et Bamako (selon le classement citymayors.com). Pour régler ses problèmes de surpopulation ou de densité du trafic, mais aussi pour attirer les investisseurs, Dar es Salaam a donc aujourd’hui besoin de se moderniser… Elle reste en effet la plus grande ville et la capitale économique de la Tanzanie, même si la capitale administrative a été relocalisée à Dodoma dans les années 70.

A la fin du 19è siècle, les colons allemands avaient pensé Dar es-Salaam en trois zones distinctes, selon un schéma urbain basé sur la séparation raciale : le Nord-Est, avec de larges avenues bordées par les résidences des colons, le centre, avec le dense lacis de ruelles animées par les commerçants venus du sous-continent indien et l’Ouest, avec Mnazi Mmoja, la grille serrée des habitations africaines.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Depuis l’indépendance, la ville s’est étendue à l’ouest le long des routes qui s’enfoncent vers le cœur du pays, sans jamais véritablement franchir le bras de mer séparant le centre historique du quartier de Kigamboni, dans le Sud-Est. Or, aujourd’hui, si une « ville nouvelle » doit voir le jour en Tanzanie, ce sera plutôt à Kigamboni, comme l’explique Vincent M. Shaidi, coordinateur de projets au ministère des Terres, de l’Habitat et du Logement.

Kigamboni New City existe déjà virtuellement, avec ses hôtels, ses tours de verre, ses avenues, ses zones industrielles et résidentielles… Le gouvernement tanzanien devrait financer les infrastructures de base (routes, tout-à-l’égout, eau, électricité…), avant d’inviter des investisseurs privés, locaux ou étrangers, à s’installer (des financiers venus de Dubaï et d’Inde auraient déjà manifesté un vif intérêt…). Les actuels habitants de Kigamboni n’auront pas d’autre choix que d’accepter les conditions proposées pour leur départ (en Tanzanie, la terre appartient à l’État) et obtiendront donc des compensations financières. Toutefois, le projet d’ensemble reste suspendu à la réalisation d’un pont enjambant le bras de mer.

Kigamboni project

La volonté politique d’agrandir Dar-es-Salaam et d’améliorer la qualité de vie des habitants semble bel et bien exister, néanmoins certains urbanistes s’alarment face à la liste de bâtiments classés et protégés qui diminue drastiquement chaque année. Des bâtiments qui disent l’histoire de Dar es-Salaam sont détruits sans que les gens comprennent la richesse qu’ils représentaient, et ceux qui sont élevés pour les remplacer ne prennent pas toujours en compte les spécificités du climat et de la culture tanzanienne…

Aujourd’hui, Dar-es-Salaam a encore de beaux atours (à voir sur starsofdar.tumblr.com), comme la cour d’appel et la haute cour de justice sur Kivukoni Front, voire – dans son genre délirant – le marché couvert de Kariakoo pensé pour récupérer les eaux de pluie. Alors si vous y faites halte au cours d’un périple tanzanien, gardez un peu de temps pour découvrir cette richesse architecturale pendant qu’il est encore temps !

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑